JE FAIS MES IMPôTS MOI-MêME DEPUIS 2 ANS ET VOICI POURQUOI JE NE REGRETTE PAS

Cet article d’opinion fait partie d'une série de Narcity. Les opinions exprimées sont celles de l'auteur ou l'autrice et ne reflètent pas nécessairement la position de Narcity Media sur le sujet.

La période des impôts au Québec est bien commencée et même redoutée par plusieurs, déjà découragé.e.s devant la paperasse et les calculs, mais aussi les dépenses et rendez-vous qui y sont associés. Pour ma part, j'ai doublé la mise des défis depuis maintenant deux ans en produisant par moi-même ma déclaration de revenus. Suis-je à ce point passionnée de finances pour en être arrivée à cette décision qui peut sembler terrifiante? Pas nécessairement - et je suis journaliste, c'est-à-dire plus une femme de lettres que de chiffres. Il y a surtout trois raisons qui m'ont motivée à prendre ma comptabilité en main et à apprendre quelques petites choses sur le tas. Et je pense que tu devrais oser faire comme moi, ne serait-ce qu'une seule fois.

Il faut d'abord savoir que je n'ai pas tout fait All by myself, comme l'a chanté Céline. J'ai payé pour utiliser l'un des logiciels de déclaration de revenus en ligne homologué par les deux paliers de gouvernement, soit TurboImpôt. Aussi, j'ai choisi l'option de l'aide illimitée, qui me permet de poser toutes les questions que je veux aux expert.e.s en impôt durant les heures d'ouverture de l'entreprise. Selon mes nombreux appels tout au long du processus, l'ensemble du personnel avec qui je me suis entretenue était des comptables - ils ou elles le spécifient dès le début de la conversation.

Quoi savoir avant de se lancer

Avant de me lancer dans l'entrée de données et à travers les multiples étapes à suivre dans le logiciel, j'ai dû faire de l'ordre dans mes papiers et factures déductibles d'impôts. Il est important de noter que mes déclarations des dernières années étaient celles d'une travailleuse autonome, donc un peu plus complexes que pour les salarié.e.s en général.

Lors de ma dernière entrevue avec le comptable professionnel agréé (CPA) Alexis Désilets, ce dernier m'a parlé d'un outil bien précieux et accessible à l'ensemble de la population. Il s'agit de l'annexe 2125, intitulé « État des résultats des activités d'une entreprise ou d'une profession libérale », disponible sur le site Web de l'Agence du Revenu du Canada (ARC). Cet expert en fiscalité pour le Groupe RDL constate que bien des personnes travaillant à leur compte ou non ne sont pas au courant de tout ce qu'ils peuvent déduire sur le montant d'impôt à payer. C'est pourquoi il propose souvent ce formulaire en guise de check list pour leur rappeler les dépenses qu'ils ou elles ont pu engager.

Je n'avais pas utilisé cet outil l'année dernière et ça m'a permis de regrouper rapidement tous les montants que j'ai pu débourser dans plusieurs catégories, dont les suivantes :

Dans ce même formulaire, on retrouve également les aspects à inclure dans le calcul des frais d'utilisation de la résidence aux fins de l'entreprise. Cela comprend entre autres l'électricité, le chauffage, l'entretien, les impôts fonciers et même les intérêts hypothécaires -particulièrement plus élevés depuis quelques mois.

J'ai n'ai pas inclus de dépenses relatives aux véhicules à moteur, car je n'ai pas d'auto. Mais pour ceux et celles que ça concerne, le comptable conseille d'avoir un système de classement avec suivi de kilométrage - il existe d'ailleurs des applications mobiles pour mieux départager les voyages personnels versus professionnels.

Ne pas oublier les nombreuses déductions

Ne pas vouloir oublier des crédits et déductions pour diminuer au max ce que l'on doit, c'est une chose. Se perdre en vérifiant tous ceux qui existent, c'en est une autre! Surtout quand je lis sur le site Web de TurboImpôt que le logiciel en recherche plus de 400...

Personnellement, je pense que c'est vraiment ce qui prend le plus de temps ; m'assurer que je suis allée chercher toutes les déductions auxquels j'ai droit. Cela m'a d'ailleurs valu plusieurs appels pour être certaine de ma compréhension des dépenses admissibles - et si j'y suis réellement moi-même éligible.

Par exemple, j'avais un doute sur le calcul des montants destinés à la déduction pour amortissement (DPA) - cela inclut les nouveaux et anciens équipements que je me suis procurés et dont je peux répartir une fraction des dépenses sur quelques années. Aussi, ça m'a pris du temps (et de la patience) pour retrouver les montants précis alloués à mes frais de placement. Encore une fois, il y a plusieurs subtilités à ce chapitre et cela ne concerne que certains types d'investissement (excluant le REER et CELI).

Comme j'ai beaucoup travaillé à partir de chez moi au Québec, malgré mes nombreux voyages en mode digital nomad, je n'ai pas lésiné sur toutes les informations à inclure pour réclamer ma déduction pour télétravail au fédéral. La méthode de calcul a d'ailleurs changé cette année, pour les impôts de 2023. Si elle est plus complexe, le montant dont je peux bénéficier est plus généreux que celui des années précédentes, alors qu'il s'agissait seulement d'une somme fixe allant jusqu'à 500 $.

Pourquoi j'ai décidé de faire mes déclarations d'impôts moi-même?

En faisant mes impôts moi-même (avec l'aide de la technologie), je peux voir descendre mon solde dû au fur et à mesure que j'ajoute les déductions disponibles pour ma situation auprès des deux paliers de gouvernement. Je dois avouer que cet exercice me procure une certaine satisfaction, en me disant que : « Je travaille en maudit pour mon argent et je vais chercher chaque dollar qui devrait retourner où cela se doit, c'est-à-dire dans mon compte bancaire ».

Un comptable pourrait sûrement en faire autant, mais j'ai l'impression que même le ou la comptable des plus dévoué.e.s ne porterait pas une attention aussi minutieuse à TOUT ce que je peux aller chercher, ne me connaissant pas nécessairement les subtilités de mon emploi. Et certaines déductions peuvent être parfois oubliées par les professionnel.le.s, simplement car ils ou elles ne pensent pas que ça peut s'adresser à nous.

C'est d'ailleurs ce qui m'a fait décrocher il y a deux ans, lorsque deux d'entre eux m'ont dit qu'ils ne connaissaient pas les redevances de droits d'auteur.trice - qui s'appliquaient aussi à ma situation comme journaliste indépendante - et qu'ils n'étaient carrément pas à l'aise de les inclure dans ma déclaration de revenus. Et ce, malgré toute la documentation officielle que je leur ai fournie.

Comme j'ai dû ensuite faire ma propre demande de révision auprès de Revenu Québec, je me suis dit que j'allais maintenant gérer au mieux by myself. Le fait d'avoir un certain contrôle en fouillant et en posant tout plein de questions pour maximiser mes impôts me sensibilise d'ailleurs, plus que jamais, à mes finances. Où va mon argent, comment être stratégique avec l'impôt et les déductions possibles, et surtout, ne pas avoir de mauvaises surprises sur le total que je dois payer à Revenu Québec et à l'ARC.

Bon, je ne suis pas si rancunière envers les comptables et je pourrais éventuellement confier mes affaires à un.e professionnel.le, mais il y a aussi les coûts à considérer pour un service destiné aux impôts des travailleur.euse.s autonomes. On parle de jusqu'à 800 $, selon mes observations, pour les dossiers bien garnis comme le mien. Et c'est bien loin de ce que je paye pour le logiciel.

Il faut le dire, ça demande plus de temps et de creusage de tête que de remettre toute ta paperasse à un.e expert.e. Ce n'est donc pas pour tout le monde. Pour ma part, je suis satisfaite de l'avoir fait pour sauver des centaines de dollars en honoraires, mais aussi pour récupérer mes déductions convenablement.

Combien ça me coûte?

Pour les personnes salariées, c'est environ 40 $ pour le forfait de TurboImpôt qui incluent des réponses et des conseils en cours de route, ainsi qu'une révision finale par un.e expert avant de produire ta déclaration. Pour ma part, j'ai opté pour celui à 110 $, destiné aux travailleur.euse.s autonomes et qui offre les mêmes aides. Aussi, j'ai choisi d'ajouter l'option d'un « service après-vente » si Revenu Québec ou l'ARC a besoin de faire des vérifications, car ne sait-on jamais!

Du côté de d'ImpôtExpert en ligne, c'est 20,95 $, mais ça n'inclut pas tous les services mentionnés précédemment et je trouve que la technologie de leur plateforme est désuète.

L'an prochain, presque tous mes revenus (ou la très grande majorité) seront ceux d'une salariée avec mon emploi d'éditrice chez Narcity Québec. Est-ce que je ferai encore mes impôts All by myself, sur cet air entraînant de Céline? Fort probablement, d'autant plus que ça risque d'être moins coûteux et beaucoup plus simple.

Est-ce que j'ai connu des moments de découragement à travers mes démarches et « heures de plaisir »? Totalement, mais j'y vois de bons avantages jusqu'à présent.

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