LE PèRE DE L’AVIATION EN GASPéSIE, MICHEL POULIOT, S’éTEINT

La Gaspésie perd l’un de ses illustres représentants. L’aviateur et homme d’affaires Michel Pouliot est décédé lundi matin. Il était âgé de 93 ans.

Né le 13 avril 1931 à Cap-d’Espoir en Gaspésie, il était le fils de Marie-Anne-Éva McDonald et de l’ancien ministre et député de Gaspé-Sud, Dr Camille-Eugène Pouliot.

À l’Académie de Québec, une filiale de l’Université Laval à l’époque, c’est d’abord un diplôme en commerce et en administration qu’il décroche en 1948. À la recherche d’un premier emploi à 16 ans, il devient le pilote du petit avion Fleet Canuck appartenant à son père, qui était appelé à se déplacer fréquemment à Québec pour siéger à l’Assemblée nationale.

Faute d’aéroport à Gaspé, Michel Pouliot est forcé d’atterrir dans les champs et sur les routes de campagne. C’est donc par souci de sécurité, et avec l'intérêt de favoriser le développement de la région, que l’idée de créer une compagnie aérienne lui vient d’abord.

Essuyant un refus de financement de la banque, il se tourne vers le privé, et obtient le financement grâce aux contributions de différents hommes d’affaires.

Quand je suis allé voir la banque, ils m’ont dit : ‘’Tu vas te tuer! Et moi je vais être pogné avec les avions et les problèmes!’’ Alors, je suis allé voir les gens qui m’étaient sympathiques, et je suis revenu avec une liasse importante, raconte-t-il dans un entretien à Radio-Canada en 2018.

La banque délie finalement les cordons de la bourse lorsqu’il jumelle son projet à celui d’un chantier naval. En 1951, du haut de ses 20 ans, Michel Pouliot fonde ainsi la compagnie Transgaspésien aérien ltée, en plus de cofonder le premier chantier de Gaspé. L’aéroport naîtra deux ans plus tard, en 1953.

À ses débuts, Michel Pouliot assure essentiellement les déplacements des bûcherons et des travailleurs vers les grands chantiers de la Côte-Nord.

Transgaspésien aérien ltée deviendra Air Gaspé en 1960, avant de passer aux mains de Québécair en 1974. Au fil des années, de nouvelles liaisons aériennes avec les Îles-de-la-Madeleine, la Côte-Nord et le Labrador seront créées. De plus, des vols avec les grandes villes du Québec seront offerts pour les passagers et le fret.

À son zénith, l’entreprise transporte 80 000 passagers par année et emploie plus de 80 employés. À titre comparatif, l’aéroport de Gaspé accueille environ 25 000 passagers par année.

Un service de transport médical entre Gaspé et l’île d’Anticosti verra aussi le jour. Michel Pouliot effectuera, à lui seul, plus de 2500 déplacements de malades et de blessés.

Au terme de sa carrière, il estime avoir cumulé plus de 30 000 heures de vol. Il fait son dernier tour de piste comme pilote alors qu'il avait plus de 80 ans.

Pour écouter les dernières grandes entrevues de Michel Pouliot :

De nombreux hommages

En 2008, l’Ordre national du Québec le fait chevalier pour avoir contribué à l’essor de la Gaspésie et des régions limitrophes. La même année, la Ville de Gaspé donne officiellement le nom de Michel Pouliot à son aéroport.

Considéré comme le père de l’aviation en Gaspésie, il reçoit l’Ordre de la Gaspésie en 2017.

En 2018, l'auteur Jacques Bouchard, spécialisé en histoire militaire canadienne contemporaine, lui consacre la biographie Bienvenue à bord. Le commandant Robert Piché en signe la préface.

La région se souvient aujourd’hui de Michel Pouliot comme d’un passionné de l’aviation, mais surtout d’un passionné de sa Gaspésie natale. Lors d’un entretien avec Radio-Canada en 2013, il disait : j’ai eu toutes les offres que vous pouvez vous imaginer à travers le pays pour aller faire de l’aviation. Mon cœur est à Gaspé.

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