Les étudiants internationaux francophones qui viennent au Canada ont-ils l'intention de rester après avoir obtenu leur diplôme? Ceux que nous avons rencontrés à Toronto disent s'inquiéter du coût de la vie élevé, des barrières linguistiques, du marché du travail et des obstacles administratifs.
Dahbia Benchaban, 25 ans, originaire d'Algérie et étudiante au Collège Boréal, ne sait pas si elle veut rester à Toronto.
Les étudiants étrangers francophones hors Québec sont souvent confrontés au défi de s'intégrer dans un environnement majoritairement anglophone.
Les étudiants internationaux qui veulent accéder au marché du travail doivent impérativement maîtriser l’anglais
, note Carl Alphonse, avocat spécialisé dans les procédures d'immigration au Canada, au sujet du marché de l'emploi à Toronto.
Au-delà des compétences linguistiques s'ajoutent d’autres obstacles comme le coût élevé de la vie pour les étudiants souhaitant vivre dans la Ville Reine.
Seulement 0,1 % de la population de Toronto parle uniquement le français, selon le recensement de Statistique Canada de 2021.
Pour le moment, Zouhair Sajid, originaire du Maroc, n’envisage pas de s’y établir.
Le loyer moyen pour un logement d’une chambre à Toronto s’élevait à 2353 $ par mois en février 2025, selon Rentals.ca.
Hypporite Wahitefick, originaire d'Haïti et étudiant en administration des affaires au Collège Boréal, reste toutefois optimiste malgré ces défis.
L’idée première c’était de venir ici [à Toronto] et de suivre une formation de haute qualité. Et dans la mesure où l’immigration me le permet, [de m’y établir]. C’est quelque chose qui reste possible
, confie-t-il.
Plusieurs programmes d'immigration s'offrent aux étudiants étrangers qui complètent leurs études. Or, ceux qui voudront rester pour de bon devront avoir accès à la résidence permanente.
Le gouvernement canadien a annoncé l'automne dernier les cibles annuelles d'immigration permanente pour les trois prochaines années.
Parmi les annonces faites : la réduction des seuils de résidents permanents, de nouveaux étudiants et travailleurs ayant respectivement besoin d’un permis d’études et de travail.
Le nombre total de résidents permanents sera réduit de 21 % par rapport à 2024, selon le gouvernement du Canada.
Cette nouvelle stratégie d’immigration s’inscrit dans un contexte où le gouvernement cherche à mieux gérer les flux migratoires et à renforcer les infrastructures du pays face à des défis économiques et sociaux, notamment dans les secteurs de la santé, du logement et des services sociaux
, précise Me Alphonse.
Ces ajustements rendront la situation plus compétitive
pour les étudiants internationaux cherchant à obtenir la résidence permanente, ajoute Carl Alphonse.
Il rappelle que d’autres alternatives existent pour les étudiants francophones souhaitant s’établir au Canada, à l’extérieur du Québec, notamment le permis de travail Mobilité francophone : Si on a un certain niveau de français et qu'on a une job qui rentre dans le critère de ce permis de travail là, c'est une façon de prolonger ton statut et de travailler.
Le programme Mobilité francophone facilite l’obtention d’un permis de travail pour les travailleurs francophones hors Québec et simplifie leur installation dans une province en dehors du Québec.
2025-03-09T10:27:30Z